Planning trop chargé sur les webzines et donc non publiée par la suite car trop datée, je l'avais oubliée quelque part dans mes dossiers, elle dormait entre une lettre de motivation et un dossier de presse, certes elle arrive tardivement mais je me devais de la partager, check it out!
Perrion, natif de Washington
Heights, le sourire en coin, un petit air moqueur, une voix teintée par les
rayons de son environnement, un temps rigolard, on le retrouve l’instant
d’après avec ce flow accrocheur, la voix pas tout à fait mûre mais déjà emplie
d’une expérience au parcours chargé. De la maturité il n’en manque pas, du haut
de ses 21 ans il a déjà connu les déboires d’un deal en major, cela lui
permettra, on l’espère, de garder une emprise maximale sur son univers musical et
surtout de maintenir sa tête au frigo le plus longtemps possible (combien en
a-t-on vu se brûler les ailes ?), et ce, malgré un succès proéminent.
Sa voix, il la pose à merveille, la pousse à hauteur des
monts, il crache, spit ses lignes
comme un affamé, l’air de dire que le rap a encore de beaux jours devant lui,
c’est un peu un personnage vermeil qui se présente sous un angle et arrive
quand même à te la faire à l’envers, taquin envers et contre tous. New-Yorkais,
il l’est jusque dans les os, il le clame avec fierté et ce n’est pas faute
d’avoir voyagé (il a vécu une année à Atlanta), c’est juste sa manière à lui de
déclarer une grande ferveur pour son hometown,
n’oublions pas cette notion de représentation, perdue un temps, elle refait
surface à grand pas.
« From Paris
With Love », petit clin d’œil à Paris, ville qui l’a accueillie le temps
de checker l''équipe de Poyz&Pirlz, tourner quelques vidéos, prendre des clichés sympas dans la plus belle
capitale du monde, promouvoir sa tape et
poser sa signature sur des skeuds et tees lors d’un apéro chez Qhuit. On aurait
aussi pu y trouver un « From Perry With Love », car ce jeune MC a
bien fait cela dans le but de partager ses amours et ses rancunes, ses désirs
et ses histoires cocasses.
Perrion, c’est 3 mixtapes (« Le Bourgeon », « Perception »,
« Circuit Breaker ») réalisées avant cette connexion avec le homie Myth Syzer. On l’avait vu
s’épanouir davantage en ridant la chillwave
sur son dernier projet « Circuit Breaker », tape qui aura permis au gamin de se
faire entendre dans les avenues de son Harlem
natal. Tout ça n’a que du bon et lui accorde un crédit supplémentaire, avec un
horizon d’avance. En parlant d’avance, c’est probablement l’un des rares de sa génération qui a su saisir l’opportunité
d’une collaboration longue distance, certes le net facilite les échanges, mais
il faut avoir en tête certains enjeux pour comprendre l’intérêt de ce partage
sonore entre une langue bien pendue et une tête pensante séparées par
l’Atlantique.
Le jeune Perry ne nous surprend même pas à vrai dire. En
étant un peu perspicace, on sait déjà à quoi s’attendre, néanmoins, sa force
réside dans le fait de nous conter son way
of life quotidien de gamin d’Harlem
comme il y en a tant d’autres, « Chillin’
in the Heights with the crew sippin Heinis’, Skating and eating Iceys… Yummm »,
c’est à cet instant précis que Perrion prend tout son sens, synonyme de
fraîcheur et d’énergie, cette dernière est si communicative qu’on en redemande,
vite et en quantité s’il vous plaît !
Comme il nous l’explique lui-même : « I made “Gettin’ It”, with the help of Myth
Syzer, to bring that old shit back. Bring that “you better know who the fuck I
am” feel back ».
En effet, avec la précieuse aide du jeune beatmaker parisien, Perrion peut
s’exprimer comme bon lui semble et délivrer un projet dans l’air du temps tout
en s’accaparant une vibe des plus ruff. Cette similitude des états d’esprits
et leurs âges rapprochés sont des pièces fortes dans la cohérence globale de la
tape. Lorsqu’un rappeur et son beatmaker
s’entendent, se comprennent et tissent un lien particulier autour d’un projet,
on obtient un rendu dégageant une forme d’osmose unique.
Le membre de la H.O.M.E Team (via Perrion) et du crew Bon Gamin, aime se définir tel un
« sculpteur d’univers » à ne pas confondre avec un sculpteur
d’billetsverts. On n’est donc pas si loin de certains producteurs US quant à
l’optique et l’attitude adoptées, le ton est donné, les rythmiques ne sont pas
sans nous rappeler Dilla à l’écoute
de ces kicks et drums bien saccadés, dans la déstructuration Myth Syzer trouve
son harmonie, on approche l’expérimental et l’abstract sur certaines prods tout
en gardant cette alternative qui nous envoie par moments des nappes sonores
bien spatiales. Qui dit beatmaker new
generation dit bidouillage en règle, on découvre chez Myth Syzer un esprit geek aussi vaste que son imaginaire,
ouvrant grand la porte à l’hémisphère électronique, intrusion dans la chambre
forte du hip-hop qui finira d’appuyer une thèse grandement ponctuée par un
nombre de projets grandissant, les frontières sont floues, comme gommées, et on
en remercie les instigateurs.
« Let’s get high
nigguh… ! »
Perrion x Myth Syzer - From Paris With Love (H.O.M.E. / High Off Music / Poyz&Pirlz)