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2.10.2012

Slum Village - Fantastic Vol. 2



Slum Village est une formation composée de J. Dilla, beatmaker/MC, ainsi que des rappeurs T3 et Baatin .
Leur carrière s’installe avec « Fan-Tas-Tic Vol. 1 » qui paraît en 1996 en tant que bootleg disséminé dans les rues de Detroit, cet album aura droit à une sortie officielle en 2005 chez Counterflow suite à sa réédition . Cela nous amène à dire que « Fantastic Vol. 2 » est d’une certaine manière le premier album, imposant les fondements du groupe de la Motor City . Ce second volume paraît en 2000 chez Goodvibe Recordings/Barak Recordings alors que le groupe a quitté A&M après avoir rencontré des problèmes avec ce label .

Si l’on part d’un regard moins centralisé sur la grande personne de J. Dilla, plus en recul donc, et se réclamant d’une vision globale, Slum Village paraît comme un brasier sous contrôle . Entre justesse et relâchement lors de refrains plus poussifs (« Conant Garden »), pour ne pas dire agressifs, ou lors de verses salaces et rêveurs (« Climax (Girl Shit) »), voire schizo (Baatin était bien entamé qu’on se le dise),  s’émoustillant sur le pur plan musical (« Fall In Love »), s’amourachant de la première donzelle croisée ( « 2U4U »), le tout était délivré sur des beats aux bases rugueuses et corrosives, escortés de claps qui inconsciemment nous font ressembler à ces bobbleheaders .
L’approche peut sembler trivial, pourtant une telle finesse se dégage de cet album, non pas au travers des thèmes abordés qui demeurent basiques (sexe, egotrip, emceing, everyday life), mais de par la composition et les arrangements qui dès la première approche embarquent tout client potentiel sur un kick entêtant pour le voir fermer les yeux, finissant par omettre la percussion en se laissant transcender par des pellicules qui résonnent d’accalmie .

Et si c’était le seul album de Slum Village ? Non je ne suis pas fou, je connais d’ailleurs la discographie de ce groupe sur le bout des tympans . J’entends par là qu’après fine analyse du rôle charnière de Dilla nous pouvons remarquer une production assidue, le type se chargeant entièrement de la mise en son des deux volumes de « Fantastic » . Néanmoins, le premier est un bootleg, au mieux une réédition, et sur le troisième et dernier essai de cette formation (oui, Slum Village n’est plus lui-même après « Trinity », J. Dilla quitte le groupe pour laisser sa place à Elzhi), il ne produit que trois morceaux . Dans cette optique, ce « Fantastic Vol. 2 » devient la pierre angulaire du groupe, isolant une dimension symbolique via l’avènement d’un genre musical, genre issu des entrailles d’un précurseur, germe d’un esprit torturé, fondement imperturbable qui reflètera éternellement la mouvance issue de Conant Garden .

Slum Village invite la famille sur ce « Fantastic Vol. 2 », l’entourage est de qualité, les trois larrons de Conant Gardent ne souhaitant pas d’accompagnements superflus . On y retrouve Q-Tip (anciennement aux côtés de Dilla au sein du collectif The Hummah), Busta Rhymes, Common, Kurupt, D’Angelo qui produit la track sur laquelle il pose, ce qui est également le cas de Pete Rock, enfin Jazzy Jeff vient disposer allègrement quelques scratchs .

Il se dégage de cet album une forme d’évidence, J. Dilla en métronome, comme pour tempérer la vélocité de ses deux homies restant à jamais tributaires de l’atmosphère mise en place par cet homme qui taillait sa musique tel un minéral brut .
Nul besoin d’entamer une review track by track . La cohérence de ce « Fantastic Vol. 2 » parle d’elle-même, pièce indispensable au sein de la collection de tout amateur de hip-hop un tant soit peu intéressé, un classique plus dans le fond que dans la forme, si l’on prend en compte les disparités ressenties dans les rôles des principaux intervenants, offrant cependant à l’auditeur, le temps d’un album, cette magie qui semble sonner si vraie, it’s like a dream’s comes true .


Slum Village - Fantastic Vol. 2 (Barak Recordings / 2000)